Les castes en Inde, un millefeuille social entre mythes et réalités (2024)

>>> Voir aussi l'entrée de glossaire : caste.

Le kaléidoscope des castes, des jâtis et autres marquages communautaires

On associe souvent les castes en Inde au modèle des quatre "varna" (ou "couleurs") du système brahmanique : les Brahmanes (prêtres), les Kshatriyas (guerriers), les Vaishyas (commerçants), et enfin les Shudras (travailleurs manuels) auxquels s'ajoutent les Dalits (hors-castes ou Intouchables) qui représentent le 1/5e de la population. Dans la pratique toutefois, cette présentation est réductrice. Le système des castes s'est en fait moulé dans les structures politiques démocratiques des lendemains de l'indépendance (1947) selon des modalités échappant aux simplifications hâtives. Au-delà des quatre grandes Varna du système brahmanique et des hors-castes, c'est à travers une nébuleuse de 4 ou 5 000 "jâtis" (communautés de référence) que fonctionne la société indienne selon un modèle complexe.

Les jâtis formaient à l'origine des communautés professionnelles qui portaient généralement le nom de la profession à laquelle elles étaient associées: les Gujjars (laitiers), les Ahir (bouviers), les Mallahs (pêcheurs et bateliers), les Koris (tisserands de textiles grossiers) etc. D'autres jâtis ont une appellation d'origine spatiale ou tribale (Mahar du Maharashtra).

Les jâtis se rattachent par ailleurs à différents niveaux de référence.

  • Au niveau local : ce sont des communautés organisées hiérarchiquement au sein d'un ou plusieurs villages, subdivisées elles-mêmes en Gotras (clans) exogames alors que les jâtis sont largement endogames.
  • Au niveau régional : leurs zones d'appartenance s'étendent généralement au niveau d'un État de l'Union (par exemple la jâti Irava qui représentent 1/4 de la population du Kerala ou les Nadar du Tamil Nadu).
  • Au niveau national : une même jâti peut se retrouver dans plusieurs États en Inde, voire dans toute l'Inde, comme par exemple les Jats, les Yadav ou les Rajputs.

Les jâtis elles-mêmes sont imbriquées dans les dix communautés religieuses officielles que compte l'Inde : Hindous, Musulmans, Chrétiens, Sikhs, Bouddhistes, Jaïnistes, Ayyavazhi (dérivé de l'hindouisme présent en Inde du sud), Juifs, Zoroastriens (Parsis) et Bahais. Les identités religieuses s'imbriquent elles-mêmes dans des identités locales fortes. Le pays compte officiellement 35 États et territoires ainsi que 603 districts. Ainsi, les Hindous se concentrent particulièrement dans les États du Maharashtra, du Bengale Occidentale et du Madhya Pradesh, les Musulmans en Uttar Pradesh, les Chrétiens au Kérala (25%) et les Sikhs au Punjab (65%).

Ces identités locales sont aussi marquées par la diversité linguistique, avec une coupure majeure : sanskritique au nord, dravidienne au sud et de parenté indo-aryenne et dravidienne au centre. Mais de nombreuses langues vernaculaires unissent les communautés au travers de journaux et de télévisions régionales qui ne se mélangent pas beaucoup. De ce point de vue, l'Inde anglophone est assez largement un mythe, avec moins de 5% de la population qui la pratique vraiment, mais dans les catégories éduquées et internationalisées de la population il est vrai.

Enfin, sur le plan politique, le système des castes est vécu très paradoxalement par l'Inde. La démocratisation a en effet permis la montée en puissance des mouvements de castes, en particulier des basses castes visant à défendre leur intérêt au niveau politique. Outre la création de partis de castes (successivement le Republic Party of India (RPI) puis le Bahujan Samaj Party (BSP) pour les Dalits par exemple), les partis traditionnels ont orienté leurs stratégies électorales autour de regroupements ou d'alliances de castes. Le parti du Congrès a ainsi opté pour une coalition des brahmanes et des dalits, le parti Janata Dal pour un regroupement des castes intermédiaires, le Bharatiya Janatal Party (BJP) se concentrant davantage sur les hautes castes de la classe moyenne.

Une politique de discrimination positive ... dans l'impasse ?

Aux lendemains de l'indépendance (1947), la Constitution de 1950 a interdit, officiellement, toute discrimination de caste et a concédé des avantages aux "sections les plus faibles de la population" c'est à dire : d'une part aux Dalits, terme qui signifie défavorisés, brisés, opprimés, et qui a officiellement remplacé celui d'Intouchables ; d'autre part aux tribus d'origine aborigène. Les Dalits sont alors classés comme "castes répertoriées" (Schedulded castes / SC) et les tribus comme "tribus répertoriées" (Schedulded tribes / ST ou tribal). Des mesures socio-économiques visaient alors à promouvoir ces catégories défavorisées en leur réservant des quotas d'emplois dans les services publics (système éducatif, administration) et les assemblées.

En 1989, avec les 73e et 74e amendements constitutionnels, ce sont à leur tour d'autres castes défavorisées (Other Backward Classes / OBC, situées entre les hautes castes et les SC) qui se voient attribuer des quotas réservés. Ainsi, les postes réservés dans la vie politique comme dans l'administration ou les écoles se sont multipliés au fil du temps et des revendications. Mais ces quotas réservés ne peuvent dépasser la moitié des postes d'emplois publics.

Ces dispositifs successifs ont poussé à l'établissem*nt d'un classem*nt administratif de la population. Les SC représentent 16,2% de la population essantiellement composée de Dalits, les ST sont estimés à 8,2% de la population (700 tribus, 84 millions d'individus), les OBC environ 50%, les hautes "castes", de 16 à 18%. De plus, les OBC ont été subdivisés en "castes les plus arriérées" (Most backward castes / MBC) et "hautes castes arriérées" (Upper backward classes / UBC), seules les MBC étant éligibles aux politiques de discrimination positive.

Mais cette complexe arithmétique de postes réservés a fini par générer de fortes tensions entre catégories et castes. Au départ destinée à tenter d'atténuer les inégalités, la discrimination positive a engendré des effets pervers en contribuant à mettre en concurrence les communautés et castes qui exercent pressions politiques, lobbying, pour obtenir ou bénéficier des quotas de représentation. Ainsi, par exemple, les Jats au Rajasthan, jati de paysans moyens qui, en raison de leur poids démographique (9%) et électoral, ont réussi à obtenir un statut d'OBC pour occuper un pourcentage significatif des postes administratifs de l'Etat.

De tels enjeux peuvent faire éclater le "pacte social" ainsi que l'illustre la révolte de la caste des Gujjars, classée parmi les OBC, dans l'État du Rajasthan en juin 2007. La situation s'est envenimée lorsque, en 1999, la caste rurale des Jats (10% de la population du Rajasthan) a été incluse dans les OBC à des fins de clientélisme politique. Le nouvel entrant remettait donc en question le fragile équilibre préalable. En effet, l'addition des quotas ne doit jamais dépasser la moitié des places disponibles et, au Rajasthan, les ST disposent d'un quota de 12,5 %, les SC de 14% et les OBC de 23,5 %. La caste des Gujjars, significativement plus restreinte (6% de la population) s'est soudain retrouvée en concurrence avec les Jats dans le segment des OBC et une partie de ses quotas a été redistribuée aux Jats ! Parallèlement, les Gujjars observaient avec jalousie la montée en puissance des Meenas (13% de la population), un groupe tribal dont la position est moins élevée dans la hiérarchie sociale, majoritaires dans leur catégorie ST. À ce titre ils se sont vu accorder de généreux quotas qui ont accéléré leur ascension sociale. Les Gujjars ont donc réclamé des avantages comparables aux Meenas, autrement dit, ils se sont révolté pour être déclassés dans la hiérarchie symbolique des castes ! Cette grande première depuis 1950 souligne à quel point le pacte social indien peut être fragile. L'animosité entre ces deux groupes, les Gujjars et les Meenas, a nourri une guerre de castes larvée qui, dans certains districts, a pu dégénérer en heurts armés entre villages des deux communautés rivales, faisant des victimes.

Ainsi, la hiérarchie traditionnelle et symbolique des castes coïncide de moins en moins avec les réalités socio-économiques. C'était l'objectif de la politique de discrimination positive mais elle a engendré des distorsions lourdes de frustrations et on peut se demander si elle n'a pas atteint ses limites. Il arrive, comme l'exemple des Gujjars du Rajahstan le montre, que certains recherchent le déclassem*nt vers des catégories défavorisées afin de bénéficier des avantages associés. Ainsi, en 2005, a-t-il fallu que la Cour suprême indienne stipule que "les Hindous de hautes castes ne peuvent devenir Dalits par mariage" et ne peuvent donc prétendre aux quotas dont ces derniers bénéficient au nom des discriminations positives.

Mais le débat reste largement ouvert. Le 8 décembre 2005 le gouvernement a approuvé un amendement constitutionnel permettant aux États de l'Union de mettre en œuvre des quotas en faveur des "socially and economically backward classes, scheduled castes and scheduled tribes" dans les institutions scolaires privées non subventionnées à l'instar de tout le système éducatif public et la discussion se poursuit quant à l'adoption du même principe de réservation de postes dans les entreprises privées.

L'alchimie des annonces matrimoniales

Extrait d'un écran Internet de sélection d'annonces de sites matrimoniaux

En dépit d'un processus d'effacement des castes au niveau économique, les individus conçoivent toujours assez largement leur identité en fonction de leur caste comme on le voit dans le choix du conjoint. Dans la sphère familiale est en train de s'inventer un nouveau jeu d'endogamie sociale comme pour mieux estomper les effets de la mobilité structurelle de l'économie.

Les pages matrimoniales de deux quotidiens à grande diffusion, Times of India et Hindustan Times montrent ainsi que 40 à 60% des annonces sont organisées par appartenance de caste, en première position devant les appartenances linguistique et religieuse (entre 12% et 20% chacune). La prégnance des castes au niveau matrimonial peut à ce titre refléter une stratégie de défense des positions acquises tandis que d'autres cherchent au contraire un moyen de reconnaissance de leur promotion sociale. D'un côté, les membres de castes inférieures qui ont réussi à s'élever socialement cherchent à asseoir leur position par l'union avec un membre d'une caste supérieure, de l'autre les membres de castes supérieures cherchent par le mariage endogame à préserver une position qui se fragilise.

Les mariages "inter-castes" compteraient pour 10% seulement des alliances actuelles selon le sociologue Dipankar Gupta. La Cour suprême vient d'édicter tout à fait officiellement que "les Hindous de hautes castes ne peuvent devenir Dalits par mariage" et donc prétendre aux quotas dont ces derniers bénéficient au nom des discriminations positives.

Source du texte : Fiche de la mission économique, Décembre 2005 - © MINEFI – DGTPE Castes et Communautés dans l'Inde moderne

Les réalités contemporaines de hiérarchies socio-culturelles à l'épreuve des mutations économiques

Qu'en est-il des effets de ces hiérarchies dans les réalités socio-économiques de l'Inde contemporaine ? Les observateurs et les analystes étrangers en ont souvent une vision assez schématique et assez décalée par rapport à l'accélération du développement de l'Inde et aux mutations en cours. Entre 1955 et 2005, la part du secteur agricole au PIB a décru de 36% alors que celle des services a augmenté de 23% pour représenter aujourd'hui plus de 50% du PIB. Parallèlement, la population urbaine s'est accrue de 27% tandis que la population rurale diminuait de 11%. Autant dire que les réalités ont changé en 50 ans !

Or, dans le monde urbain et alors que le marché du travail devient de plus en plus fluide, les castes tendent de plus en plus à se dissoudre. Déjà, en 1996, d'après une étude menée par les économistes Sanjay Kumar et Oliver Heath ("Determinants of Social Mobility in India", Economic and Political Weekly, 37, 2002) sur un échantillon représentatif variant de 2000 à 5000 individus, 20,4% des fils de pères membres des hautes castes figuraient dans le salariat supérieur mais 11,1% n'étaient que travailleurs qualifiés ou semi-qualifiés et 17,8% agriculteurs. De même, les fils de pères issus des SC, bien que dominant dans les travaux peu qualifiés (63,4%), travaillaient à 6,1% dans le salariat supérieur et à 16,3% dans les travaux qualifiés ou semi-qualifiés.

Des membres de différentes castes sont de plus en plus amenés à travailler ensemble au sein d'une même entreprise dans des métiers qui ne sont plus ceux de leur communauté d'origine et qui reflètent davantage une mobilité socio-professionnelle induite par l'extension de la scolarisation. Un membre d'une caste supérieure peut dès lors travailler aujourd'hui sous les ordres d'un membre d'une caste considérée comme inférieure. Certaines jâtis de cordonniers se sont ainsi hissées au rang d'entrepreneurs et emploient des salariés de hautes castes, dans les villes d'Agra et de Kanpur en Uttar Pradesh par exemple.

Les données de l'enquête ménage de la NSS pour 1999 - 2000 : catégories socio-professionnelles et socio-culturelles, quels résultats de la politique de discrimination positive à l'indienne ?

Les situations de précarité (travailleurs occasionnels) sont plus fréquentes chez les SC et les ST non chrétiens dont la position socio-économique est moins favorable et moins "attractive". Inversem*nt, les Hindous des castes supérieures (non ST, non SC et non OBC) sont relativement moins touchés par la précarité. Une hiérarchie des communautés reste ainsi très perceptible mais sans doute atténuée par les années de discrimination positive.

Source : Vani K. Borooah (University of Ulster), Amaresh Dubey (North-Eastern Hill University), Sriya Iyer (University of Cambridge) - Has Job Reservation Been Effective? Caste, Religion, and Economic Status in India, November 2005.

D'après les données de la 55e enquête de la National Sample Survey (NSS) auprès des ménages en 1999 - 2000. Sur le site de Sriya Iyer, Faculty of Economics, University of Cambridge : www.econ.cam.ac.uk/faculty/iyer/JobReservationIndia.pdf

Notons que ces données de la NSS doivent être considérées avec précaution ainsi que le suggère Angus Deaton (professeur en affaires internationales et professeur d'économie à l'université Princeton), La pauvreté recule-t-elle ? : "De véritables progrès ont été enregistrés dans la lutte contre la pauvreté ces dernières années, notamment en Inde et en Chine. Cependant les chiffres restent fort incertains. Sur la base des mêmes données, deux rapports de la Banque mondiale publiés à moins de deux ans d'intervalle aboutissent à des conclusions apparemment différentes sur l'évolution de la pauvreté. Comment savoir si les chiffres sont exacts ?"
http://imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2002/06/pdf/deaton.pdf

Cette mobilité est plus forte dans les États du Sud de l'Inde, notamment le Kerala et le Tamil Nadu qui mènent depuis l'indépendance des politiques actives en faveur des groupes défavorisés : une proportion non négligeable de leurs membres ont pu rejoindre la classe moyenne urbaine. À l'inverse, dans le Nord davantage structuré autour de la division traditionnelle en varnas, ces politiques ont été moins importantes et les facteurs de confrontations violentes entre castes restent très prégnants.

Dans le monde des grandes entreprises, sur un total de 52 grands groupes familiaux, 17 sont gérés par des professionnels en 2006. On trouve à des postes de direction des musulmans (Premji Azim Hasham, directeur managérial de Wipro), des semi-intouchables (Nadar Chiv, président directeur général de HCL). De même au sein des groupes non-familiaux, la professionnalisation du management permet à des communautés non-marchandes de parvenir à des postes de direction, tel M.K. Hamied, directeur managérial de Cipla, issu de la communauté des Bora musulmans. Toutefois, en dépit de ces changements, les communautés marchandes restent majoritaires : elles détiennent 52 groupes sur les 77 premiers groupes indiens représentant 60% du total de la capitalisation boursière et 9% du PIB du pays.

Mais, si les lignes des classifications socio-professionnelles bougent, il s'agit d'un phénomène essentiellement urbain. Les États à forte population rurale comme le Bihar, le Jarkhand, l'Orissa demeurent encore fortement conservateurs. Si les Dalits ont gagné en poids politique, dans les campagnes leur situation n'a souvent pas foncièrement changé : ils ne peuvent utiliser les mêmes puits que les autres villageois, ils doivent enlever leurs chaussures dans les rues et rester debout dans les transports en commun par exemple.
Cette plus grande mixité sociale pose aussi des problèmes de gestion des ressources humaines. En effet, les identités de caste restent prégnantes dans les relations de travail. Il arrive que des membres de hautes castes refusent ou rechignent à travailler sous les ordres de membres originaires de SC ou d'OBC. Les multinationales étrangères sont particulièrement exposées au choc de ces nouvelles concurrences sociales. Les gestionnaires indiens en ressources humaines sont conscients de ce type de situation et ils aident à trouver les solutions pour faire passer telle nouvelle grille hiérarchique ou telle modification des statuts.

L'Inde finalement apparaît comme un millefeuille social dont la dynamique actuelle semble être la réinterprétation de son système traditionnel, enjeu de luttes de classem*nt subtiles comme on le voit dans les mariages, les relations dans l'entreprise ou enfin les recompositions du monde des affaires.

Sources

Synthèse documentaire et mise en page web : Sylviane Tabarly

Géoconfluences le 22 octobre 2007

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